Cap Waste, du Pic au Peak, retour en image sur la première édition

Mai 2021 – Tarbes (65)

L’idée de ce projet a germé dans la tête des membres de l’association durant le premier confinement en mars 2020. Le principe est simple, suivre le parcours d’un déchet, du moment où il est « généré » (jeté dans la nature ou en ville) jusqu’au moment où il se retrouve dans l’océan.

L’objectif était donc, en une semaine, de relier le Pic du Midi de Bigorre à Anglet, en associant nettoyages des milieux de pratique et activités sportives. Ce voyage, composé de 8 étapes, est un moyen de montrer comment les déchets que nous produisons peuvent « gagner la mer » et s’y accumuler (nous rappelons que 80% des déchets marins proviennent de la terre !)

A chaque étape il était possible, pour quiconque était motivé, de nous rejoindre. Cela nous a permis de rencontrer des personnes curieuses d’en savoir plus sur notre association mais surtout très motivées à l’idée de participer à ce genre d’action. 

Nous vous proposons dans cet article, un retour en image sur les 8 étapes ainsi qu’un bilan de la semaine.

Etape 1 : Pic du Midi de Bigorre – Barèges

Pour cette première étape nous avons eu la chance de s’être vu offert une montée au Pic du Midi par la station du Grand Tourmalet. Après avoir profité du beau temps et de la vue pour boire une bière fraiche, nous avons entamé notre périple.

Pour cette première étape, nous voulions parcourir la montagne et notamment le domaine skiable afin de ramasser les déchets laissés par les pratiquants. Bilan, 45 kg ramassés dont plus de 300 morceaux de plastique, une vingtaine de bouteilles plastiques, 15 canettes, une centaine de mégots, 1 pneu, quelques masques (début de la pandémie !) et d’autres déchets par dizaines.

Ce nettoyage a été suivi par notre première nuit de camping sauvage au pied de la station de ski de Barèges. Nous avons profité d’une soirée au coin du feu pour en apprendre plus sur chacun car beaucoup de personnes motivées nous ont rejoint pour la première fois sur cette initiative !

Etape 2 : Barèges – Saint Pé de Bigorre

C’est en vélo que s’est déroulée cette seconde étape. Après un départ en trombe dans la descente du Tourmalet, nous avons marqué une pause sur les berges du Lac des Gaves ou nous avons  ramassé quelques déchets : 17kg collectés, essentiellement du plastique, dont nous supposons qu’une partie vient de l’ancienne décharge de Beaucens, en amont, emportée par les crues de 2013.

La seconde partie de cette étape s’est faite sous la pluie, jusqu’à la base nautique Hautes-Pyrénées Sport Nature, où nous attendait une douche chaude et un bon repas !

Etape 3 : Lourdes – Saint Pé de Bigorre

Nous sommes revenus un peu sur nos pas pour cette troisième étape qui s’est réalisée en rafting ! Nous avons été rejoints par une dizaine de nouveaux participants venus nous prêter main forte pour débarrasser les berges de tous ses déchets.

Et pour cause, nous avons maintenant l’habitude de parcourir cette portion du gave et d’accéder à des zones souvent inaccessibles à pied, et le bilan est malheuresuement toujours impressionnant.

Pour cette fois-ci, ce sont 171kg de déchets que nous avons ramassé…tout en en ayant laissé énormément derrière nous !

Nous avons pu décompter plus de 1000 morceaux de plastique, un fait très inquiétant quand nous savons que ce plastique se dégrade au fil de l’eau en se fragmentant en morceaux de plus en plus petits et persiste dans l’environnement même s’il n’est plus visible à l’oeil nu.

Malgré ce triste constat, l’équipe a profité du soleil, de l’eau fraiche, pour régler quelques comptes à coup d’abordages et mise à l’eau plus ou moins forcées…! Certain nous ont aussi montré leur potentiel freestyle.

De retour à la base, nous avons procédé à la classique pesée et au tri des déchets, un travail toujours fastidieux, surtout quand on en ramasse autant !

Etape 4 : Saint Pé de Bigorre – Siros

Sur cette étape de vélo nous nous étions fixé l’objectif de ramasser tous les déchets que nous croisions, et malheureusement nous n’avons pas pu tout prendre.

En effet nous avons été surpris par la quantité de déchets se trouvant sur le bord des routes. Même si notre tracteur de remorque nommé Jérôme avait la condition et les muscles pour, nous avons décidé d’arrêter de le charger lorsque nous avons atteint les 27kg (nous avions, de plus, un sacré vent de face…)

Nous avons ensuite bivouaqué au stade de Siros qui nous a été ouvert par la Mairie. Après un copieux repas nous avons profité des derniers rayons de soleil pour faire une séance de yoga et pour écouter Quentin jouer du Ukulele.

Etape 5 : Siros – Berenx

48km de vélo au programme de cette journée, divisée en deux étapes. Sur la matinée, comme sur l’après-midi nous avons rapidement rempli la remorque d’une capacité de 150 litres, obligeant notre véhicule suiveur à nous décharger au milieu de chaque étape.

Nous avons encore une fois été surpris par la quantité de déchets jonchant le bord de nos routes. Même si leur concentration est encore faible sur les chemins en forêt, le constat est différent sur les routes départementales et nationales. Chiffre marquant : 10km = 3 sac remplis (150L). Et nous en laissons en chemin ! En effet, il nous faudrait sans cesse nous arrêter si nous voulions tout ramasser…nous avons été choqués par la quantité de mégots et de paquets de cigarettes que l’on retrouve par centaines. Viennent ensuite les fragments de poches plastiques, les bouteilles et les canettes. Nous ne nous attendions tout simplement pas à trouver et à ramasser autant de déchets…

Etape 6 : Berenx – Hastingues

Petite étape pour cette sixième journée avec seulement 28km de prévus et faits dans la matinée. Nous avons ainsi pu profiter de l’après-midi pour faire un peu de paddle sur le gave, se reposer et faire le tri des déchets ramassés en première partie de journée.

Comme la veille, nous avons rempli la remorque en ramassant les déchets trouvés sur le bord de la route en 10km environ. Bilan toujours identique, beaucoup de mégots, de paquets de cigarettes, des bouteilles plastiques et de canettes. Nous avons aussi trouvé un pistolet à eau, fonctionnel, qui a fait le bonheur des grands enfants que nous sommes toute l’après midi…!

Nous avons pu, grâce à la mairie d’Hastingues, bivouaquer dans des conditions très agréables, juste au bord du gave !

Etape 7 : Hastingues – Anglet

Cette septième étape fut une journée chargée… ! 

Après un réveil au bord du Gave, Thibault s’est occupé de mettre en place le système de prélèvement de microplastiques. Le principe est de placer un collant de bébé pour « filtrer » l’eau pendant 30 minutes afin de mesurer la concentration de microparticules de plastique dans la rivière. Nous avons fait au total 6 prélèvements au cours de la semaine, sur des points définis à l’avance. L’ensemble de ces prélèvements ont été déposés à l’association La pagaie sauvage qui s’occupe de les faire analyser en partenariat avec un laboratoire (si vous souhaitez les aider dans leur projet et effectuer des prélèvements pour continuer à apporter des données, n’hésitez pas à visiter leur site web où tout est parfaitement expliqué!)

Après un rapide repas au campement, nous avons quitté Hastingues en canoë en début d’après-midi. Au programme, 18km (et pas 6 comme nous le croyions tous…!) de descente des Gaves Réunis puis de l’Adour avec ramassage de déchets sur les berges. 

Le nettoyage des berges s’est fait sur la première partie de la descente, jusqu’au Bec du Gave. Bilan toujours identique, 95% de plastique, surtout sous forme de morceaux souples, et toujours des bouteilles et des emballages alimentaires…
Arrivés sur l’Adour, et après quelques abordages, nous avons pagayé sur de longs kilomètres jusqu’à Urt.

Après une collation et avoir repris des forces, nous avons enfourché les vélos pour finir les 28km qui nous séparaient de notre objectif: Anglet. Une portion relativement agréable sur les bords de l’Adour, que toute l’équipe a savouré !

Nous avons enfin profité de la soirée pour boire une bière fraîche et déguster quelques mets en bord de plage…!

Etape 8 : Anglet (Soustons)
Nous avons changé nos plans à la dernière minute pour remonter un peu la côte vers un milieu un plus sauvage avec les Landes et Soustons. C’est donc ici que s’est cloturée l’aventure Cap Waste, du Pic au Peak.

Le soleil ayant brillé toute la journée et de petites vagues étant au rendez-vous, nous en avons profité pour passer du temps sur la plage, en nettoyer une portion et s’initier aux joies de la glisse !

Coté ramassage, le constat est alarmant. Nous avons tout le long de notre trajet, du Pic du Midi à l’océan, ramassé énormément de plastique, mais ce qui tranche avec ce dernier ramassage est la forme sous laquelle se trouvent les déchets. En effet, ceux que l’on retrouve sur les plages ont souvent voyagé depuis plusieurs semaines, mois, voire années, et des fois très loin avant de se déposer sur le sable. Pendant leur voyage et sous l’effet de l’eau, du soleil, des frottements, du sel, ils sont devenus poreux et se sont fragmentés en de petits morceaux, certain invisible à l’oeil nu.
Il suffit de prendre une poignée de sable pour sortir quelques petits morceaux de ce plastique qui peut avoir été produit il y a des années et qui se décompose de jour en jour jusqu’à devenir invisible. C’est à ce moment qu’il devient le plus dangereux, pouvant être transporté dans l’atmosphère, ingéré par la faune et intégrer la chaîne alimentaire. Une récente étude a même montré que les plus petites particules de plastique parvenaient à passer dans la chaire des légumes et des fruits que nous consommons.

Pour avoir une idée, selon une autre étude menée en 2019 nommée « human consumption of microplastics », nous ingérons plus de 50000 particules de plastique par an ! Et nous ne connaissons pas exactement les effets de ces particules sur notre organisme…il est donc urgent de revoir notre façon de consommer ! Et d’utiliser des gourdes ESE…!

Bilan de la semaine

Au cours de cette semaine, nous avons ramassé 342 kg de déchets, que ce soit en montagne, sur les berges de rivières, le long des routes ou sur les plages. 342 kg, un chiffre qui peut paraitre important mais qui est une goute d’eau dans un océan. En effet, selon nos estimations, nous avons ramassé environ 5% des déchets que nous avons pu croiser sur notre route. 

Aurait-il été possible de tout ramasser?! La réponse est bien évidement oui, mais nous aurions eu besoin de bien plus de temps et de moyens! 

Nous avons été impressionnés par la quantité de déchets que nous croisions tous les jours et qui, justement, n’étonne plus grand monde. C’est peut-être ici que réside une partie du problème; il est devenu normal de trouver des déchets par terre, que ce soit en ville ou dans les milieux naturels. Faites le test, essayez de compter les déchets que vous croisez en sortant de chez vous. Ensuite, vous pouvez extrapoler ce chiffre à la taille de votre ville, de votre département, région, pays, puis à l’échelle de la terre. Imaginez…

Et ce n’est pas tout, si seulement il n’y avait que les déchets visibles…mais non! N’oublions pas les microparticules de plastiques, invisibles à l’oeil nu, qui polluent tous les milieux, même les plus isolés, et qui sont les plus dangereux. Il suffit de regarder les résultats de nos prélèvements microplastiques:

Barèges : 3 microplastiques et 2 microfibres synthétiques
Lau-Balagnas : 0 microplastique et 5 microfibres synthétiques
Saint-Pé-de-Bigorre: 17 microplastiques et 7 microfibres synthétiques
Siros :  21 microplastiques et 3 microfibres synthétiques
Bérenx:  2 microplastiques et 5 microfibres synthétiques
Hastingues:  0 microplastique et 6 microfibres synthétiques

Nous parlons ici des microparticules qui ont croisé notre filet de 20cm de diamètre! Imaginez si nous filtrons toute la rivière… et ces microplastiques et microfibres synthétiques, nous en avons retrouvé dans le Bastan, au pied de la station de ski de Barèges, à plus de 1400m d’altitude. Est-ce normal?

Pour finir cet article sur une point d’optimisme, nous pensons que rien n’est perdu et que nous pouvons encore renverser la balance en faisant évoluer nos comportements. C’est pour cette raison que nous continuons d’agir jour après jour en sensibilisant de plus en plus de monde à cette cause.

Vous avez été nombreux à nous suivre lors de cette première édition du projet Cap Waste et nous sommes actuellement en train de mettre en place la seconde édition qui se tiendra du 10 au 18 juillet 2021. Comme l’année dernière, toutes les personnes motivées pour se joindre à nous seront les bienvenue. Nous annoncerons bientôt via nos réseaux les modalités d’inscription.

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Jean-Loup pour ESE.

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